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The Ol' Bry
17 janvier 2014

The Ol' Bry & Howlin Jaws à l'Alimentation Générale

325845_2014_01_12_the_ol_bry_howlin_jaws_parisSi vous avez rater le concert du 12 janvier, voici un article paru sur KR'TNT
(Only french, sorry)

Pas vu les Ol' Bry depuis le mois de mars et les Howlin' Jaws depuis avril, Doktor Rock m'a confirmé qu'un rappel était nécessaire, comme pour la malaria et le typhus, faut s'inoculer le microbe au plus vite, sinon l'étiolement nous guette, et la faucheuse se rapproche. D'ailleurs pourquoi ai-je raté les Howlin' en décembre ? Parce que j'étais au lit tout tremblant de fièvre. M'en suis sorti de justesse avec trois jours de perfusion rock à gros débit. Donc l'excuse du dimanche soir et du boulot tôt le lendemain matin, ne saurait tenir. La teuf-teuf mobile a compris que ma vie était en jeu, Mister B n'en revient pas, alors que toutes les places de stationnement sont systématiquement occupées sur des kilomètres de trottoirs, elle nous déniche un emplacement sur lequel on alignerait sans difficulté trois trente-huit tonnes, à deux cents mètres de l'Alimentation Générale.

N'y a pas à se tromper d'éléphant. De l'extérieur, avec ses deux vitrines et les boiseries vintage d'époque d'après-guerre ( la première ! ) L'Alimentation Générale se présente comme une antique épicerie de détails, d'avant l'invasion des grandes surfaces. N'ont même pas changé le nom sur le fronton. L'ont gardé et adopté. Parfum rétro-bobo assuré, et gratuit. Petit hall d'accueil, cinq euros l'entrée, toujours le dimanche soir, nous apprend la sympathique ticketeuse.

Grande salle. Beaucoup de piliers et peu de tables. Sur votre droite un comptoir de quinze mètres de long. A gauche, ils ont vu beaucoup plus riquiqui pour la scène. Futurs musiciens postulants, faites un jeûne de trois semaines avant de vous risquez dessus, avec son trois mètres cinquante fillette, vous ne disposerez que d'un espace vital très limité. Mais le pire, c'est la déco. Z'auraient pu tout repeindre en rose bonbon ou en jaune canari, voire prêter les murs à une moyenne section d'école maternelle. Z'ont préféré, une espèce de géométrisation de formes simples ( rectangles + ronds ) style tapisserie design dans le style des années 70. Un gris-bleu d'une tristesse à vous faire prendre un alignement de tombes cimentées dans un cimetière de banlieue pour une toile de Matisse.

Bon, je ne suis pas ici pour vous faire suivre un cours d'art-déco. A huit heures pas un chat, à part les musicos attablés, le temps de dire bonjour et l'on part se faire un grec. Expression ô combien malheureuse quand on pense à la Grèce d'aujourd'hui – l'antique Hellade pour laquelle un Lord Byron ( un sacré rocker ) n'a pas hésité à sacrifier sa vie - rançonnée par le FMI et dépouillée par nos banques bien aimées. A neuf heures c'est rempli de jeunes et d'étudiants – beaucoup d'étudiantes en Erasmus - une majorité d'habitués pas spécialement fanatiques de rockabilly, mais venus là pour prendre du bon temps. Vont être servis. Chaud.

1470414_10202530809608455_1295029684_nLes Ol' Bry tentent de monter sur scène. Difficile, marchent sur des oeufs. Les instrus à eux tout seuls, c'est déjà un peu juste. Et comme les musiciens se présentent à cinq, il faut se serrer sur l'étagère. Mais vont vite nous faire oublier le confinement qui les étreint.

Eddie allume le feu, se projette comme un fou sur le Slipin' and Slidin' de Little Richard. Voix tonitruante avec derrière le combo qui pète le feu. Le sax de Rémy n'est pas assez en avant, faut le chercher, et c'est dommage car il souffle bien. Il en sera de même durant les premiers morceaux, jusqu'au Going Home de Gene Vincent où à la technique l'on comprendra enfin que le vieux rhymth and blues des familles sans cuivre, c'est un peu comme le coq au vin sans Bourgogne.

Mais je m'avance un peu, et je ne voudrais pas vous induire en erreur. Les Ol' Bry – c'est connu de tout le monde – sont célèbres parmi les combos de rockab actuels pour être celui qui a su inclure dans son son des relents frénétiques de Doo Wop, mais ce soir il apparaît nettement que le groupe a accentué son côté rockabilly. Moins de suavité dans la voix, le hoquet remplace l'onctuosité. D'autre part, dès le second morceau Eddie sort son arme maîtresse. Le groupe ne se contente pas de reprises. La moitié des titres du répertoire, comme le She Don't Care qu'il annonce, sont des compositions originales, entrecoupés d'hommages remémoratifs à des classiques du rock'n'roll et du rhythm an blues, ils ne déparent en rien la qualité de l'ensemble.

Mister B me souffle à l'oreille que le travail de Thierry sur sa contrebasse est souverain. L'est sûr qu'il bénéficie d'une retransmission technique sans faille mais c'est le swing à l'arrache qui fait toute la différence. Les cordes ronronnent comme des élastiques tendues à l'excès et toutes les intros et tous les ponts sont portés par ces vibrations qui s'entremêlent comme un noeud de serpents.

Eddie balance tellement que sur My Babe il casse une corde de sa rythmique, ce qui ne l'empêche pas de marquer avec une égale férocité le tempo. Le vieux blues de Willie Dixon écrit par Dixon pour Little Walter l'harmoniciste de Muddy Waters. Cette adaptation prend ici tout son sens, My Babe provient d'un gospel traditionnel notamment repris par Sister Rosetta Tharpe et reformulé par Buddy Holly sous le titre Not Fade Away. Jeu de passe habituel entre les racines noires et blanches du rock'n'roll. Crossroad.

Un Unchained my Heart, beau grain de gorge mister Eddie, ça râpe et ça fond, en même temps. Les demoiselles se trémoussent de plaisir devant la scène, ensorcelées, completely strolled. Ghost Highway en hommage amical aux Ghosts, et plus tard la reprise de Cause I forgot, en l'honneur de Mister Jull perdu dans la foule, pas besoin de monter sur l'estrade, Eddie reproduit à merveille le timbre de Jull.

L'hidalgo, derrière sa Squier Fender, c'est Diego, gravidad espanola sur le visage qui ne s'éclaire que rarement d'un sourire énigmatique lorsqu'il vous a piqué un petit solo dans le coeur, tiene dedos de oro, s'est dépris de toutes les fioritures latines qui enjolivaient son jeu au printemps dernier en faveur d'un phrasé beaucoup plus rêche et incisif, l'efficacité rock. L'enchaîne les morceaux sans s'attarder. Eddie a tout juste le temps de s'éponger la figure s'il ne veut pas prendre le train en marche. L'a laissé tomber sa chemise depuis longtemps, marcel et tatouage, il mène la danse sans faillir.

Rémy le sax et Marcelo le batteur ne chôment pas. Sont en croisade exponentielle. Plus le show avance plus ils envoient la pression, Rémy est en souffle continu, exhale une note ronde cuivrée comme une coulée de miel et Marcelo se livre à un incessant ballet, ne marque pas vraiment le beat, joue des séquences rythmiques avec introduction, suites et salut final. Faut voir comment il ponctue ses petites saynètes. Prestance et élégance.

Le taulier vient rompre le charme, encore dix minutes et ce sera tout. Eddie parvient à caser tout de même trois derniers morceaux. Nous quitteront sur un dernier Let me Dance endiablé, très boogie. Une compo. Pas de rappel, juste le temps de promettre un super set des Howlin' qui vont suivre. Descendent de scène sous les applaudissements d'un public ravi qui en reprendrait encore trois bonnes louches avec avidité. C'étaient The Ol' Bry-llants.

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