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The Ol' Bry
2 avril 2013

Rip It Up Party - Article du blog KRTNT

401357_4821921261808_1520835696_nRip It Up Party - Article paru sur le blog KRTNT

L'air de rien Eddie tapote le micro, Rémy vérifie pour la sixième l'embouchure de son saxophone, Thierry caresse les flancs de sa double bass, Diego ( si je ne me trompe ) gratouille les cordes de sa guitare en prenant soin de couper le son, bref il y a comme un hic. Un immense vide par derrière. Le siège du batteur est aussi désertique qu'un porte-monnaie de smicard la veille de la paye. Mais le voici, qui traverse la scène en courant, porte un fagot de baguettes assez gros pour alimenter un resto chinois pendant trois mois. «  Ladies and Gentlemen, the Ol' » Thierry tapote discrètement le bras d'Eddie dont la phrase de présentation reste en suspens. Le drumer s'est éclipsé dans les coulisses, l'en ressort illico avec sa caisse claire – les rires sarcastiques fusent dans la salle - qu'il se hâte de fixer sur le chevalet approprié. Se retourne vers nous et nous sourit. Surprise ce n'est pas Marcello mais Crash Boom Bang – Baptiste pour les intimes – des Howlin' Jaws qui s'y colle. Ce coup-ci sera le bon : «  Ladies and Gentlemen, the Ol' Bry ! ».


The Ol' Bry, ce n'est pas tout à fait du rockabilly. Quoiqu'ils nous livreront une version de Rip It Up – vu le nom de la party, le morceau s'imposait – qui laissera tout le monde de cul. D'une propreté immaculée, d'une mise en place péremptoire. Un truc touché par la grâce dont on se souvient dix années plus tard. Les Ol' Bry, c'est du rockab, un peu avant, un peu pendant, un peu après, mais à toutes les périodes totalement décalés, un regard appuyé vers la musique noire d'une richesse infinie, le premier sein nourricier du rock'n'roll qu'un Elvis Presley ne s'est pas privé de téter goulument durant sa prime jeunesse.


5707_4821924141880_466919521_nComme je me soucie des demoiselles je vais commencer par le bout de la fin, qui ne manquera pas de leur fournir quelque plaisir. The earlier sixties, pas plus haut que 1962, la saison des slows fondants. Style, My Girl. Si vous n'arrivez pas à emballer sur de telles fontaines de suavités c'est que vous êtes un véritable blaireau qui n'êtes jamais sorti de votre trou. Et encore moins pas prêt de rentrer dans celui de votre voisine. Du plaisir pur, des lingotières d'émotion, des cascades de sentiments, de la culotte mouillée par dizaines. Nous en délivreront trois ou quatre dans le genre durant le set, le velouté de la voix soul d'Eddie caresse l'auditoire dans un sens orgasmique. Le public n'est plus qu'un ramassis enchevêtré de corps qui tanguent dangereusement l'un vers l'autre. Musique des sphères célestes et lois impérieuses des attirances gravitationnelles.


Heureusement qu'ils nous assènent par la suite quelques volées de bois vert à la rock'n'roll pour nous remettre sur le bon chemin. Mais ils nous emmènent aussi ailleurs. Dans le mid tempo des arrangements surprenants et les entrelacements de rythmes qui flirtent avec le Doo- Wop et le vieux rhythm & blues des familles. Ah ! Ce sax de Rémy pas du tout aphone qui appuie partout où ça fait mal. Souligne les pointes de vitesse lorsque le morceau semble filer droit vers le mur et marque les brisures impromptues de tonitruants coups de klaxon à vous couper le souffle.


Le dernier tiers du set sera encore meilleur. Peut-être parce qu'il correspond mieux au feeling de Crash Boom Bang. Que voulez-vous un batteur de rock ça vous cloue ses tripes sur la caisse claire. Un poing c'est tout. Les nuances calypso, les soupçons de pseudos rythmiques cha-cha, les intonations sourdes du mambo, les cats ils ne pratiquent pas beaucoup. Baptiste il porte de préférence le perfecto, pas le marcel. Question de genre. Alors quand Eddie s'énerve, qu'il arrête le velouté falsetto et qu'il fonce comme un madurle dans des rocks endiablés, Crack Boum boum Hug il cogne comme un sauvage et comme Thierry n'est pas particulièrement manchot sur sa basse, ça déboule de tous les azimuts, un torrent dévastateur qui emporte tout sur son passage. La salle chavire d'excitation. Ouragan d'applaudissements ininterrompus durant les dernières minutes du show. Les Ol' Bry nous laissent brisés et lessivés. Vous savez cette impression de baisser les bras et de s'abandonner à la fatigue quand l'on a baisé comme des fous. Bref, les Ol' Bry furent brillantissimes.


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